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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 12:57
Nouveau voyage dans le temps, quelque part entre Constantinople et Istanbul. Chantal et Jacques Périn nous emmènent sur la Place de l’hippodrome… et vous proposent une nouvelle photo mystère!

La Place de l’hippodrome - At Meydanı (hier)

Après avoir détruit Byzance en 196, l’Empereur Septime Sévère entreprend la reconstruction de la ville et décide de lui donner tous les monuments lui rappelant la puissance romaine.

Conçu sur le modèle du “Circus Maximus” de Rome, l’Hippodrome voit sa construction commencer à la fin du 2ème siècle mais n’est achevé que quelque 30 ans plus tard sous le règne de Constantin.

Photographie attribuée aux photographes Abdullah frères (circa 1870)

Si, en raison de sa destruction complète, on ne connaît pas précisément la longueur totale de l'édifice qu’on estime à 450 mètres, les fouilles de l’extrémité arrondie du site ont permis de connaître la largeur précise du monument, soit 117,50 m pour la largeur extérieure et 79,50 m pour la largeur intérieure.

On peut donc évaluer la capacité d'accueil de 50.000 spectateurs soit le dixième de la population de la ville. Comme tous les monuments édifiés à l’époque de l’Empire, l'hippodrome est décoré de magnifiques sculptures prélevées généralement sur d’autres monuments plus anciens.

Au centre se dressent l’obélisque dite de Théodose prélevé à Karnak en Egypte, l’obélisque muré recouvert, alors, de plaques de bronze doré et la colonne serpentine originellement à Delphes.

Au-dessus des stalles de départ se trouvent les chevaux de bronze de Constantin Ier, actuellement visibles à la basilique Saint Marc à Venise.

Des courses hippiques aux enjeux souvent politiques y sont régulièrement organisées et l’hippodrome devient rapidement le centre de la vie sociale et politique de la ville. Il est fréquemment investi par les manifestations et les affrontements qui opposent les différents partis politiques.

Lors de la 4ème croisade, Constantinople est mise à sac en 1203 et l’hippodrome est incendié et partiellement détruit. Ainsi commence son lent et inexorable abandon.

La Place de l’hippodrome - At Meydanı (aujourd’hui)

Que reste-il aujourd’hui de ce qui fut l’un des lieux de la ville les plus chargés d’histoire? Les Ottomans ne s’intéressant pas aux courses de chevaux, rien n’est entrepris pour sauvegarder ce qu’il reste de l’hippodrome qui continue son déclin.

Photo J.P. (2012)

L’espace qu’il offre lui permet toutefois d’accueillir, à quelques occasions particulières, un peu de l’animation d’antan, comme par exemple la fastueuse cérémonie de 52 jours qui eut lieu à l’occasion de la circoncision du prince Mehmet, fils de Murad III en 1582.

Si la colonne serpentine et les obélisques sont toujours en place, il ne reste plus rien du cirque d’origine.

Le palais impérial a fait place à la Sultanahmet Camii et le niveau du sol contenant les remblais s’est élevé, donnant l’impression que les vestiges antiques se sont enfoncés dans la terre.

Depuis 1898, au nord-est de l’emplacement de l’hippodrome, trône la “fontaine allemande” - Alman Çeşmesi – offerte par l’Empereur Wilhelm II à l’occasion de son deuxième séjour à Istanbul. Elle est construite selon le style Néo-renaissance, cher à l’esprit allemand de l’époque. Le dôme, dont l’intérieur est décoré de mosaïques, repose sur huit colonnes de porphyre vert. Entre les arcs se trouvent huit médaillons marqués de la tuğra d’Abdulhamid II et des initiales de Wilhelm II.

Aujourd’hui, le site est foulé par les centaines de milliers de touristes qui viennent admirer les vestiges de son glorieux passé.

En est-il parmi eux qui pensent aux 40.000 émeutiers de la sédition de Nika que le général Bélisaire massacra en janvier 532 pour sauver l’Empereur Justinien ou plus récemment aux 30.000 Janissaires qui y trouvèrent la mort, le 10 juin 1826, sur ordre du Sultan Mahmud II ? Tout y semble si calme ……

Jacques et Chantal Périn (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 11 juin 2013

LA PHOTO DE LA SEMAINE - Connaissez-vous bien votre ville?

Chaque semaine, désormais, nos auteurs vous proposent un petit jeu: deviner dans quel lieu la "photo de la semaine" a été prise.

Regardez la photo de droite: où peut-on admirer cet étrange bronze?

Réponse à la photo de la semaine dernière : Il s'agissait du plafond de la salle des cérémonies du Tekke de Galata

Fondé en 1491, destiné à la confrérie des Derviches tourneurs, ce“couvent” est le premier tekke construit à Istanbul, plus de 100 ans avant celui de Yenikapı. Edifié sous le sultanat de Beyazit II, sur l’emplacement d’une ancienne propriété offerte par le gouverneur İskender Paşa, le bâtiment subit de nombreux aléas dont le plus important se produit lors du tremblement de terre de 1509 qui le détruit en totalité. Reconstruit, il connaît plusieurs restaurations tout au long du XIXème siècle jusqu’à sa fermeture en 1925 suite à la loi interdisant la tenue de réunions de confréries. Il change alors d’affectation et devient successivement maison populaire, librairie, poste de police, école …. jusqu’à ce qu’en décembre 1975 il soit destiné à accueillir un musée de la littérature.

En 2007, un programme de rénovation et de réhabilitation est entrepris et, après 4 ans de travaux, le tekke rouvre ses portes en novembre 2011.

Au sein d’un jardin, véritable havre de paix, les bâtiments totalement restaurés offrent aux visiteurs une approche documentée de l’histoire et de la vie des Derviches ainsi qu’une très intéressante collection d’instruments de musique soufique.

Au sein du tekke se tient le semahane, lieu destiné à la cérémonie du sema (danse mystique des Derviches), magnifique pièce à la délicate décoration coiffée du plafond, sujet de cette photographie.

 

Retrouvez ici notre interview des auteurs de cette chronique. Jacques Périn et sa femme Chantal ont aussi créé un site en hommage à la Turquie: Turquieaimée

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